Avantasia : The Wicked Trilogy

En cette veille de Noël, me voici avec une chronique un peu particulière et assez ambitieuse. Vous connaissez sûrement Avantasia, ce "supergroupe" mené par le petit lutin allemand Tobias Sammet, également frontman d'Edguy. Après un Metal Opera somptueux en deux volets, le bonhomme remet son projet avec la Wicked Trilogy composé de 3 albums cette fois ( pour un total de 3x11 chansons ) : The Scarecrow en 2008, The Wicked Symphony et Angel of Babylon tous deux parus en 2010 ( parce que les idées ont explosées dans la tête du monsieur, du coup il nous ajoute un album ! ). J'aurais pu chroniquer chaque opus séparément, mais, comme pour The Metal Opera, il s'agit pour moi avant tout d'un concept à prendre dans son ensemble. Avant de commencer, voici les trackslists de chaque album pour que vous ne soyez pas perdus :

Et c'est parti !


I. Avantasia, un nouveau chapitre

Qui dit nouveau projet d'Avantasia dit nouveau concept ainsi que nouveaux interprètes de l'histoire, musiciens et chanteurs. Cette fois, nous voici plongés dans l'esprit d'une créature solitaire, pour reprendre les mots de son auteur, isolée émotionnellement du monde et possédant une perception des choses "distordue", que lui seul peut comprendre, une créature surnommée "The Scarecrow" et bien évidemment incarnée par Tobias Sammet. Dans sa quête d'amour, de gloire ( et de beauté ) et de compréhension, il rencontrera divers protagoniste dont le quasi omniprésent Mephistopheles qui prend forme sous les traits de Jorn Lande ( qui est vraiment monstrueux pour ainsi dire... ). Enfin, on retrouves les habituels Michael Kiske, Bob Catley, Oliver Hartmann et Andre Matos mais également de nouvelles voix comme Russel Allen, Tim "Rpper" Owens, Klaus Meine, Jon Oliva, Alice Cooper ou encore Amanda Sommerville et Cloudy Yang pour la gente féminine. Une particularité de cette trilogie est de ne pas avoir une histoire détaillée comme pour les Metal Opera, ce qui permet des textes plus libres et imaginatifs, que l'on peut associer à d'autre choses. Mais ce n'est pas pour autant qu'on écoute des morceaux indépendants, on sent vraiment qu'une certaine évolution les lie. On apprécie donc des paroles très bien trouvées notamment sur l'incroyable pavé "The Scarecrow". Si je puis vous en citer un petit peu :

" Withered roses dying on the ledge
A withered dreamer standing on the edge
You dream of love — Wake up to pain
You're better off to join in my game "

Voilà, rien que ça.


II. Tobias Sammet, un ange qui carbure au feu sacré

On avait déjà appris que monsieur était un des sept anges sur "The Seven Angels", mais là il revient avec "Another Angel Down", "Dying for an angel" et "Angel of Babylon" ! A croire qu'il s'agit d'un épouvantail ailé. Trêve d'humour, cette petite transition me permet de vous amener à différents titres qui jonchent ces trois galettes, et qui, comme ceux précédemment évoqués, sont des chansons qui comptent tout faire sauter avec leur refrain du feu de dieu. On en trouve environ une quizaine, sans compter les titres épiques dont les refrains officient évidemment encore dans la catégorie supérieure. Il y a les très "helloweeniens", étape obligatoire, "Shelter from the rain" et "Wastelands" où Tobias échange ses vocaux avec ceux de Michael Kiske pour deux morceaux pas révolutionnaires mais toujours plaisants ( surtout le premier, presque du niveau de "Reach out for the light", l'opener légendaire des Metal Opera ! ). On trouve également des mélodies plus pêchues dans "Another angel down" ( "We rock the ball !!!" ) "Devil in the belfry", l'agressif et délirant "Scales of justice" ( "To take your eeeeyyyes of the draaaaag" ) totalement emporté par Tim "Ripper" Owens ou encore dans l'effréné "Rat Race". "I don't believe in your love", "Forever is a long time", "Angel of Babylon" et "Alone I remember" sont eux plus porté par une sorte d'énergie nostalgique et sonnent assez rocks mais se montrent plus frais et attachants avec leur feeling simple et sincère. Je peux également citer "States of matter" et "Your love is evil" qui pourraient être banals - pourraient - si leurs refrains sortis de nulle part n'était pas deux véritables trouvailles exposées avec une passion éclatante. Enfin, avec des choses de ce niveau-là, on ne va pas trop se plaindre. Pour finir, il reste les deux plus gros tubes en puissance : "Dying for an angel" et "Promised land" avec leurs duos explosifs qui emportent tout sur leurs passages. Du grand Avantasia, à voir et à reprendre en concert.


III. Les sentiments, une réalité de l'opéra metal !

Pour calmer un petit peu tout ça, il fallait bien quelques ballades. Enfin... il faut parfois reconnaître que c'est lorsqu'on ralentit le tempo qu'on propose les émotions les plus intenses, comme ce fut le cas sur les sublimes "Farewell" et "Anywhere" des deux premiers albums. Bien que je reconnaisse que cette fois aucune ne soit de ce niveau, elles font toutes leur petit effet, excepté "Carry me over" qui est sûrement le titre le plus faible de tous. Hormis cette petite ombre, "What kind of love", "Cry just a little", "The edge" et "Blowing out the flame" constituent toutes de beau moment à passer avec chacune leur propre ambiance, et, parfois, leurs propres surprises... Rien que pour ces "suprises", je titre mon chapeau à Mr. Sammet. A ce niveau-là, donc, l'inspiration est toujours en marche et offre de délectables moments d'émotion.


IV. En pleine tempête, des ovnis

Eh oui, eh oui, au milieu de cette tempête d'énergie et d'émotions, on croise quelques chansons un peu plus atypiques et qui compte bien faire en sorte qu'on se souvienne d'elles. On peut commencer par l'opener de cette trilogie, l'étouffant "Twisted mind" aux sonorités étranges qui collent parfaitement à la voix de Roy Khan venu incarner un pscychiatre un peu effrayant qui révèle sa véritable nature à l'épouvantail. Ce titre se distingue aussi par un pont et par une ambiance unique qui le rendent plus ambitieux. "The Toy Master" avec Alice Cooper et "Blizzard on a broken mirror" avec Andre Matos surprennent pour les mêmes raisons, le premier semblant être un grand délire avec un démon "maître des jouets", le second développant une atmosphère très mélancolique centrée sur son incroyable break. "Crestfallen" surprend par son refrain alternant entre chœurs lents et épique et chant crié et saccadé. Sur Angel of Babylon on découvre le seul titre non composé par Tobias ( et le seul de tout Avantasia pour l'instant ) mais par le guitariste Sascha Paeth : "Symphony of life". Cloudy Yang y chante comme possédée pour un résultat de prime dérangeant voire rebutant mais finalement très séduisant. Enfin, cela n'est rien à côté du plus gros de tous ces ovnis, "Death is just a feeling". Jon Oliva interprète ici un nouveau démon pour une chanson tout d'abord effrayante, puis que se révèle triste et poignante et surtout sincère. LA plus grosse surprise, et son refrain, LA plus grosse claque. De toute la trilogie. Seul celui de "The Scarecrow" peut le concurrencer. Une incroyable réussite, un monstre d'interprétation.

" Dead and alive, come a little closer
You and I, affiliates forevermore
And I'm alive, death is just a feeling
You and I, swapping finitude and love for diamonds...
I'm just a little pale "


V. Un long voyage, de grandes épopées

"The Scarecrow". "The Wicked Symphony". "Runaway train". "Stargazers". "Journey to Arcadia". 5 points clés, 5 grandes épopées au centre de ce long voyage. Et c'est là que le concept d'opéra metal est le plus fort et se révèle dans toute sa splendeur. Je pense sincèrement qu'il serait exhaustif de vous lister toutes les qualités de chacune de ces compositions, mais je ne peux passer outre :
- l'incroyable duel vocal entre Tobias Sammet et Jorn Lande sur le break de "The Scarecrow"
- l'inimaginable montée en puissance du refrain final de ce même morceau
- l'introduction symphonique de " La Symphonie Malsaine " et son riff mélodique à couper le souffle
- l'alchimie palpable entre les chanteurs qui règne sur " Runaway Train " au lignes de chant magiques
- l'explosion dantesque de "Stargazers" et son ending lourd si somptueux et pourtant sombre
- la touchante sincérité de "Journey to Arcadia" qui clôt admirablement cette trilogie
Enfin, voilà que j'en aurais beaucoup, beaucoup plus à dire mais parfois il faut laisser parler la musique, c'est le plus simple. Je pense donc que l'heure est venue d'en arriver à une conclusion...


VI. Finalement, l'accomplissement d'un noble rêve

Cette Wicked Trilogy propose donc un Avantasia plus varié, plus moderne, moins symphonique dans l'ensemble que sur les Metal Opera originels et dont la musique correspond avec une troublante justesse à son concept de base si dérangeant qui permet finalement d'aller explorer les sentiments humains au plus profond d'eux-mêmes et d'en ressortir d'intenses émotions. Car, même si avec du recul je suis obligé de constater qu'aucun des 3 albums n'est parfait avec toujours quelques écueils regrettables à cause du syndrome de pilotage automatique de Mr. Sammet ( "Carry me over ", " Black wings ", " Down in the dark " ), le tout s'assemble si bien pour créer une oeuvre forte et intègre qu'on ne peut que respecter le travail colossal de composition abattu par Tobias Sammet. Chaque album est unique et pourtant complémentaire, il s'agit là d'un véritable tour de force. The Scarecrow possède l'aspect le plus cinématographique et le plus attachant, The Wicked Symphony est paradoxalement le plus maîtrisé mais froid ( dans l'ambiance, pas péjorativement ), Angel of Babylon se voit quant à lui totalement transcendé entre ténèbres et lumière avant de se conclure sur un enchaînement à la fois énergique et nostalgique qui renoue avec l'ambiance du premier opus ( " Alone I remember "/" Promised land "/" Journey to Arcadia " ).
A la fin de ce long voyage, je sens donc que cette trilogie est l'aboutissement du rêve d'un compositeur. Un noble rêve, admirablement mis en oeuvre avec une passion peu commune, pour, finalement nous laisser désireux à notre tour, d'accomplir et de vivre de grandes choses.

19/20

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Voilà, cette chronique spéciale fin d'année est achevée et si elle me semble maintenant un peu courte malgré le temps que j'y ai passé, j'espère que j'aurais su vous donner envie d'écouter ou de réécouter ces trois CDs. Toute tentative d'humour ou d'élan poétique-passionnel-déchaîné-que-seul-moi-peut-comprendre est purement fortuite. Je m'aperçois que je n'ai pas évoqués quelques titres, ne vous en ayant décrit que 30 sur les 33. Vous pouvez me brûler sur place pour ça. Bref, je ferais mieux de m'arrêter là et, comme dit plus haut, laissons parler la musique !

Une bonne chronique, elle n'est pas trop longue (ce qui peut être lassant), et je suis d'accord avec toi (du moins pour les musiques que je connais). J'ai bien aimé ton idée de proposer des musiques, mais j'aurais bien aimé que tu propose Stragazers. Autre chose, je comprends à peu près tes tentatives d'humour pas drôôôôôles.