Au cœur de l'hiver...

2003, l'hiver touche à sa fin et nous arrive de Finlande le troisième album de Sonata Arctica. Après un Silence culte auprès de nombreux fans qui plaçait la barre encore plus haut que sur Ecliptica ( les avis furent tout de même parfois assez controversés ), Winterheart's Guild va avoir beaucoup à faire pour maintenir la discographie du groupe à un tel niveau. De plus, cet opus aurait été composé et bouclé dans la précipitation, en 6 mois.

Mais alors, que donne une première écoute ? Clairement, il y a une pointe de déception. Les titres speeds paraissent moins hymniques, moins accessibles, les mid-tempos loin de la trempe d'un My land.

Mais en réalité, les finlandais sont loin d'avoir bâclé leur travail. N'en déplaise à certains, Winterheart's Guild s'avère être aussi bon qu'Ecliptica, et peut-être même plus intéressant !

Abandoned, pleased, brainwashed, exploited ouvre l'album avec brio. Après une introduction imposante, le couplet arrive, à renfort de chœur ou plutôt de voix dédoublées pour lui donner plus d'importance... et cela, c'est nouveau chez Sonata et c'est un premier élément qui rendra le tout au premier abord moins naturel que sur les galettes précédentes. Et ensuite, le pré-refrain arrive, et là, autre surprise ! Il ralentit le tempo, du moins dans la mélodie pour s'avérer au final unique et irrésistible. Le refrain débarque alors, beau, poignant, avec une pointe de mélancolie, au texte dénonciateur. Un refrain moins hymnique que par le passé, mais plus personnel ( le groupe n'ayant pour moi que totalement allié ses côtés "hymnique" et "personnel" sur Fullmoon, bien que très proche d'y arriver sur d'autre titres... ) et au final qui marquera peut-être plus longtemps vos esprits. Les couplets reprennent, puis le pré-refrain, et... non... ce n'est pas le refrain qui arrive... c'est déjà le break, amené par une batterie déchaînée ( qui varie son tempo ! ), puis un court solo de clavier arrive, moins "montagne-russe" que par le passé. Tony Kakko dévoile ensuite des lignes de chants profondes, sincères, poignantes reprenant la mélodie du pré-refrain, avant que le véritable pré-refrain ne revienne, ralentissant cette fois vraiment le tempo, pour gagner encore en beauté. Puis le rythme s'emballe, le refrain est de retour renforcé par des chœurs magnifiques. Le titre se termine ensuite comme il avait commencé.

Abandoned, pleased, brainwashed ouvre donc l'album de façon moins hymnique que Blank File ou Weballergy, mais au final, il gagne beaucoup et personnalité et il risque d'être moins lassant sur le long terme. Mais heureusement, l'album contient d'autres perles...

... comme The cage. Cette chanson est infernale, à mi-chemin entre l'agressivité de Wolf & Raven et le côté indomptable et vivant de Fullmoon. Tout comme APBE, elle paraîtra de prime moins naturelle que par le passé, mais son refrain est en réalité bien supérieur à celui de Kingdom for a heart par exemple tant il est gorgé d'émotions et sublimé par des chœurs finaux énormes. Tony Kakko nous prouve encore une fois qu'il est un excellent compositeur ainsi qu'un superbe interprète. Un des morceaux phares de l'album, à coup sûr.

Au rayon speed, il y a encore Victoria's secret et la chanson bonus The rest of the sun belongs to me, titres toujours moins hymniques et plus personnels. Ces morceaux nous gratifient encore d'excellent refrains et de très belles mélodies.

Et voilà que le tour des composition rapides est fait. Déjà ? Eh oui, puisque ce disque ne renferme que trois titres du genre, sans compter la chanson bonus, soit bien moins que sur ses prédécesseurs. Car au menu, il n'y a aussi pas moins de 5 mid-tempos. Et je pense que c'est ici en réalité que la bât blesse après de nombreuses écoutes.

Hormis les excellents Broken et Gravenimage sur lesquels je reviendrai, Silver tongue, Champagne bath et The ruins of my life sont les points faibles de l'album. Sans jamais être vraiment mauvais, on les sent certes encore une fois plus personnels, mais aussi moins inspirés. Un pré-refrain très bien trouvé sur Silver tongue, un break vraiment sympa sur Champagne bath et une fin surprenante sur The ruins of my life ( qui est presque un titre speed en réalité, mais qui ne peut décemment pas revendiquer ce statut pour moi ) ne pallieront malheureusement pas totalement cette déception.

Concernant, les deux autres mid-tempos, il sont quand à eux indispensables. Broken est définitivement loin des deux premières œuvres du groupe et nous plonge dans un univers musical vraiment passionnant et nouveau. A vrai dire, c'est un morceau controversé, mais je pense que dire qu'il est totalement mauvais serait faire preuve de mauvaise foi. A vous de vous faire votre propre avis.

Et puis Gravenimage... c'est le meilleur titre de l'album ! Débutant comme une magnifique ballade au piano, le tempo augmente peu à peu jusqu'à vraiment accélérer, la partie speed est un véritable régal et le solo, bien que légèrement répétitif, est très fort. Puis tout se calme, la chanson redevient une ballade. Tony Kakko incarne ses lignes de chant comme il ne l'avait jamais fait et il dévoile un final énorme, qui me fait à chaque fois frissonner et me laisse toujours bouche bée. C'est impossible ! On dirait que la perfection a été atteinte ! Evidemment, ce n'est pas le cas, mais Gravenimage la frôle de très près, s'hissant ainsi très haut dans la discographie du groupe.

Mais on en oublierait presque les deux ballades : The misery et Draw me. La première offre un véritable moment de mélancolie profond et possède tout simplement le meilleur pont de tout les titres de Sonata Arctica pour moi : il est intense, riche, poignant, à couper le souffle. Une excellente ballade !
Draw me possède une mélodie sublime, et après le calme arrive la tempête : la guitare se déchaîne et Tony Kakko crie son désespoir, pour créer une conclusion à l'album d'une tristesse inouïe.

Finalement, ce Winterheart's Guild s'avère excellent. Et si Silver tongue, Champagne bath et The ruins of my life avaient été du même niveau que les autres titres, cet album aurait été sûrement encore meilleur qu'Ecliptica.

Winterheart's Guild vous fera voyager, tant il est teinté d'une mélancolie et d'une magie indéfinissable. Il est empli de passion, de chaleur, comme pour se réchauffer, lorsqu'on est seul, au cœur de l'hiver...

Les titres coups de cœur : APBE, Broken
Les ballades déchirantes : The misery, Draw me
Titres phares : The cage, Gravenimage, Victoria's Secret

19/20

Je l'ai écouté en entier une fois ou deux et j'avoue que je l'aime bien. C'est effectivement un bon album, plus personnel qu'Ecliptica et Silence.

Tu sais, quand je dis plus personnel, ce n'est pas péjoratif pour les albums précédents : ils étaient déjà fort en personnalité. Ce que je veux dire, c'est que c'est plus "unique", inédit dans le genre.

Je sais.

Tant mieux, mais je préfère que le terme soit clair.

Qu'en penses-tu, maintenant que tu as l'album en entier ?

De ta chronique ou de l'album ou les deux?

Surtout ton propre avis sur l'album. Je ne te redemande pas ce que tu penses de la chronique, mais tu peux comparer ton opinion avec le mien.