Seulement un an après le controversé mais tout de même excellent Winterheart's Guild, Sonata Arctica revient en cette année 2004 avec un nouvel album hauts en couleur. La pochette aux tons chauds contrastant avec les précédentes du groupe est une réussite malgré son aspect un peu trop uniforme.
Et ce quatrième album, nommé Reckoning Night, débute avec Misplaced. Un titre speed, à la mélodie très "Sonatienne" mais à l'ambiance étrangement lourde par moment, notamment lors du break. Cela est-il du à la nouvelle production ? Au nouveau claviériste ? Quoi qu'il en soit, ce titre semble être une bonne entrée en matière.
Enchaîne Blinded no more, un mid-tempo surprenant. L'ambiance sera encore une fois lourde, mais pas sombre. Le break est à nouveau surprenant pour du Sonata, ainsi que le refrain. Un titre à voir avec le temps.
Après ces deux titres assez déroutants, Ain't your fairytale - la wolf song - arrive. Et dès les premières lignes de chant, on est encore plus surpris ! Ce passage mélodique récurrent dans la chanson sonne effectivement comme quelque chose de vraiment nouveau pour le groupe. Le refrain, lui, ressemble à ce qu'on trouvait sur Ecliptica ( et ce n'est pas qu'une pâle copie des hymnes de 1999 ! ) mais ce titre dans l'ensemble est teintée d'une sorte "d'expérimentation" qui est vraiment réussie. Et on comprend alors que cette même ombre planait déjà sur les deux titres précédents, en moins flagrant. Ain't your fairytale apparaît alors comme une véritable pépite de speed.
... Puis une ligne de piano débute, sombre, inquiétante, accompagnée de discrètes mais omniprésentes nappes de clavier. La mélodie se poursuit, envoûtante, évolue lentement, puis la piano s'efface pour laisser place au synthé et un à tic-tac étrange... avant que le tout ne s'emballe et débouche sur la piste suivante. Car oui, la piste 4 est une instrumentale, une instrumentale magnifique, nommée Reckoning Day, Reckoning Night.
Et en plus, elle amène parfaitement la tuerie qu'est la cinquième chanson de l'album.
Et Don't say a word, cette cinquième piste, possède encore une fois ambiance lourde mais nettement plus efficace que sur les deux premiers titres. Le pré-refrain est un véritable régal mais n'est rien comparé au refrain de la chanson, qui est simplement énorme. Don't say a word est aussi un autre chapitre de l'histoire entamée par The end of this chapter sur Silence et les paroles, toujours sublimes, revêtent donc une importance tout particulière ici. Et lors du pont tout en mélodie de la chanson, la musique est vraiment au service du texte. En résultent des frissons garantis.
Enfin, la sixième piste arrive et encore une fois, on est intrigué. C'est un nouveau mid-tempo, très mélodique et expérimental, qui nous raconte une véritable histoire, celle d'un garçon qui rêve de devenir une marionnette et on comprend alors ici que Tony Kakko a réussi à composer des titres où la musique sert vraiment le texte, comme sur la piste précédente. Malgré tout, ce The boy who wanted to be a real puppet, semblera plutôt être un titre de transition pour la chanson suivante.
Et My Selene débute. Le ton est tout de suite donné par une mélodie prenante et profonde livrée par la guitare de Jani Liimaitenen. Et il s'avère que My Selene est aussi sa composition, non celle de Tony Kakko, une première pour le groupe. Lorsque le couplet arrive, on a encore ce sentiment de musique au service du texte, tant la mélodie est sublime, magique, poétique comme les paroles. Et ensuite le refrain... quel refrain ! Il transcende celui de Don't say a word, qui était déjà excellent. Et cela est notamment du à un sentiment de mélancolie plus profond et à une ambiance moins lourde que sur la cinquième piste de l'album. Par contre, le break sera de nouveau surprenant et réussi pour déboucher sur un refrain final d'une beauté sans nom.
Ce titre s'impose finalement comme un des morceaux phares de l'album, tant il est fascinant, magnifiquement écrit par Jani Liimaitenen et magistralement interprété par Tony Kakko. Une claque speed comme on en avait pas eu depuis... Fullmoon !
Une fois remis de nos émotions, une mélodie sombre commence, rappelant Reckoning Day, Reckoning Night. Mais ce n'est pas une instrumentale, non, c'est l'introduction de Wildfire. Et cette introduction est encore une fois si bien composée qu'on ne peut la dissocier du texte et elle est à elle seule un moment fort du titre. Mais une fois passée, le rythme s'emballe, des lignes de chants presque agressives démarrent, tout va vite, à l'image de cet homme qui court après avoir commis un acte terrible. Et le refrain arrive, énorme, rivalisant avec celui de Don't say a word ( la comparaison est encore nécessaire ! ), empreint de folie, presque rebutant au premier abord mais en fait tellement bon... Et cette folie transparaîtra tout le long de la chanson, ce qui est encore une nouveauté pour Sonata Arctica, et cela donnera une véritable perle.
Mais tout ce qu'on a vécu jusqu'à présent n'est rien face à la neuvième piste de l'album. Et dès la première seconde de White Pearl, Black oceans, on comprend que Tony Kakko a été diablement inspiré. La mélodie au clavier est magnifique, parfaite. Un premier couplet calme commence, accompagné par une discrète guitare, puis le tout devient plus énergique, une pointe d'agressivité transparaît furtivement, et un premier refrain arrive, sublime. Ce refrain est à la fois entraînant, profond, mélancolique et hymnique. La somme de tout ce qu'il nous a été donné d'entendre sur l'album jusqu'à cette piste. Mais soudain, le pont va arriver, amené par un superbe piano. Et encore une fois, ce break semble être la synthèse de tout ceux qui nous ont surpris jusqu'à présent. Et enfin, le final. Un final qui se passe de mot, encore plus que sur My Selene. Si mélancolique et entraînant, si profond et sombre, comme les océans noirs... Et la ligne de piano du pont revient, inattendue, pour une outro mélancolique et parfaite.
L'album pourrait presque se finir là. Mais n'y a-t-il pas un genre de chanson qui a été absent jusqu'à présent ? Il s'agit bien évidemment de la ballade.
C'est ici Shamandalie qui remplit ce rôle. Sans atteindre la beauté d'un Tallulah et même de The misery, ce titre reste très agréable, rafraîchissant et est plus classique que le reste, comme pour se remettre doucement des émotions éprouvées sur la piste précédente.
Mais tout cela, ce n'est qu'au bout d'une première écoute. Avec le temps, on s'apercevra que seuls 6 des 10 titres proposés sur l'album resteront vraiment, contrairement à un Ecliptica plus linéaire et plus "sage" mais où peu était à jeter. Effectivement, les Misplaced, Blinded no more, The boy who wanted to be a real puppet et Shamandalie se révéleront vite être un léger cran en dessous du reste. Les pistes 6 et 10 auront tout de même l'avantage d'apporter un peu de souffle à l'album, mais les deux premières finiront par même devenir épuisantes à cause de leur lourdeur. Dommage !
Avant de conclure cette chronique, j'aimerais aussi parler de la chanson bonus, Wrecking the Sphere. Durant environ 7 minutes, c'est un titre qui aurait bien mérité sa place sur l'album, sûrement à la place de Blinded no more. Le pont peut-être divisé en trois partie et est excellent. Le refrain, bien qu'un inférieur à celui de Don't say a word cette fois, est très plaisant et puis la mélodie du titre est très inspirée. Un excellent morceau.
Maintenant, que conclure de cette 4ème offrande des finlandais, Reckoning Night ? Eh bien, il s'avère être en quelque sorte à l'image de sa pochette : globalement très inspiré et osé, mais quelques détails viendront ternir l'ensemble - de la même façon que ce orange trop uniforme et un peu fade.
Néanmoins, sur les titres qui méritent leur place sur l'album, Tony Kakko montrera qu'il n'a rien perdu de son talent de compositeur et qu'il s'améliore même en renouvelant son répertoire. De plus, il interprète encore une fois magistralement bien chaque morceau, même le titre My Selene qui n'est pourtant pas né de sa plume.
Reckoning Night n'est donc pas le meilleur opus du combo finlandais, mais vous pouvez vous lancer dans l'aventure les yeux fermés, car elle en vaut largement la peine.
Titres surprenants : Ain't your fairytale ; Wildfire
Titres phares : Don't say a word ; My Selene ; White Pearl, black oceans
19/20
Sujet: L'aventure Reckoning Night 
Sam 9 Mai - 14:32
Au final, ma prochaine chronique sera sûrement sur Pariah's child, et puis je me rends compte que 18.5/20, ce n'est pas assez, je vais passer à 19 x) De même pour Ecliptica, que je juge au même niveau.